Une maison de santé pluridisciplinaire au cœur de la ville
Les Franciliens ne sont pas épargnés par le phénomène de désertification médicale. Déjà, en 2018, un article du Parisien donnait la parole à des professionnels de santé de Villeneuve-la-Garenne, inquiets de l’état de l’offre locale. « On a beau avoir un département dense, la désertification médicale existe bien », déclarait en février dernier, l’actuel maire de la ville, Pascal Pelain, toujours au Parisien. Dans ce contexte, l’installation d’une maison de santé pluridisciplinaire au sein du quartier Jean Moulin a été accueillie comme une opportunité salutaire.
Une pierre à l’édifice de la densification médicale
Le constat de désertification médicale à Villeneuve-la-Garenne a été posé par le Diagnostic Local de Santé. La ville compte, en effet, 5,4 médecins généralistes pour 10 000 habitants, quand la moyenne départementale s’élève à 7,1. 80 % d’entre eux sont âgés de plus de 55 ans ; des départs massifs à la retraite sont donc à anticiper dans les années à venir. Même constat du côté de l’ensemble des professionnels de santé : infirmiers libéraux, kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes…
Le territoire n’est pas forcément attractif. On a à faire face à une concurrence territoriale autour de nous en termes d’installation des médecins libéraux qui est assez forte. Il faut donc présenter des atouts et réussir à séduire les médecins pour qu’ils viennent s’installer.
Expliquait Pierre-Charles Decoster, directeur général de QUODAM à l’occasion d’une rencontre organisée par la Banque des Territoires en juin 2023.
Un ancrage historique dans le quartier Jean Moulin
Inaugurée en juin 2023, cette maison de santé pluridisciplinaire est le fruit d’une discussion amorcée il y a un peu plus de deux ans entre la ville, la société d’économie mixte (SEM) QUODAM et le Pôle de Santé Universitaire de Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne, à l’occasion de la libération des locaux de QUODAM. Fortement ancrée dans le quartier Jean Moulin, QUODAM est à l’origine de sa construction dans les années 1960 et y est actuellement propriétaire-bailleur de 550 logements. Cette implantation historique lui confère une solide connaissance des enjeux et des problématiques locales.
Une offre adaptée aux spécificités locales
Dans ce quartier à la population vieillissante, ne pouvant pas aisément se déplacer, cette offre de santé de proximité est une aubaine. Ce sont ainsi 217 m2 de locaux qui ont été mis à disposition de la société civile de moyens (SCM) constituée par les professionnels de santé, qui mutualisent certains espaces et services dont l’accueil, la salle d’attente et le secrétariat. L’établissement accueille sept cabinets, investis par des médecins généralistes, ainsi qu’un psychologue et une infirmière. Le loyer modéré (150 €/m2/an), particulièrement attractif, coïncide avec les attentes exprimées par les soignants pour faciliter leur installation.
Un projet exemplaire en matière de mixité
Ce projet illustre l’efficacité et la pertinence des partenariats mixtes public/privé pour répondre aux problématiques des territoires. Le pilotage de la relation avec les médecins a été assuré par le Centre Communal d’Action Sociale de la ville (CCAS). Quant à la SCM, initialement société interprofessionnelle de soins ambulatoires, elle a pu bénéficier de l’accompagnement de l’Union Régionale des Professionnels de Santé. Propriétaire des locaux, QUODAM a réalisé les travaux avec un investissement limité de 180 000 euros, sans aucun recours à l’aide publique car entièrement auto-financés. La maison de santé du quartier Jean Moulin est, plus largement, un bel exemple de mixité en termes d’offre de soins et de statuts : des médecins libéraux y côtoient des professionnels salariés. Enfin, s’il fallait trouver une vertu supplémentaire au projet, celui-ci s’inscrit dans une démarche de reconversion de l’existant, une clé pour lutter contre l’obsolescence immobilière.
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